Photo de couverture : (c) Wacken Open Air
Wacken Open Air 2025 : pluie, boue… et le sourire jusqu’aux oreilles
Le cadre et la météo : cauchemar pour les Français, terrain de jeu pour les Allemands
Wacken, c’est ce festival qui transforme un village du Schleswig-Holstein en capitale mondiale du metal, peu importe ce que dit le ciel. En 2025, il a beaucoup parlé. Pluie battante, rafales, allées transformées en rivières de boue : la totale. Et pourtant, partout des visages qui rigolent, des k-ways de toutes les couleurs, des ponchos qui claquent et une organisation qui garde le cap. La météo était aussi triste qu’un fonctionnaire Français, pourtant, tout le monde semble heureux d’être là.
C’est probablement ça, Wacken : une culture de la débrouille et du partage. On peut débattre des clichés nationaux, mais force est de constater qu’ici, quand il se met à pleuvoir, on sort la capuche et on s’arrange pour continuer la fête.

Le site & les scènes : une petite ville du metal
Le festival s’étale sur plus de 360 hectares — de quoi perdre son sens de l’orientation si on part sans plan. Pour s’y retrouver : les deux immenses scènes Faster et Harder trônent dans l’Infield (le fameux « Holy Ground »), la Louder est au Wacken Center, et on navigue ensuite entre W.E.T. / Headbangers (Bullhead City), Wackinger (zone médiévale), Wasteland (ambiance post-apo), Beergarden, sans oublier la LGH Clubstage en plein village et la Metal Church pour les sets intimistes.
Camping : le vrai cœur de Wacken
On ne comprend pas Wacken tant qu’on n’a pas vécu son camping. Des plaines entières où s’installent des mini-quartiers : ton voisin sort une piscine autoportée quand l’autre dresse une discothèque improvisée ; plus loin, quelqu’un passe la tondeuse « parce que l’herbe est trop haute », pendant qu’un courageux fait des runs en pocket bike sur l’allée. Les générateurs sont autorisés, l’imagination est libre, et l’ambiance reste bon enfant.
Côté logistique, deux infos utiles : le pass festival 2025 coûte 333 € (sold-out depuis belle lurette), et l’accès au camping en véhicule passe désormais par un Access Pass par véhicule : 33 € pour une voiture (≤ 3,5 t), 66 € pour camping-cars/voitures + caravane ou > 3,5 t. Bonne nouvelle : l’arrivée dès le dimanche est de retour, avec répartition par routes et jour d’arrivée pour fluidifier.
Astuce « boue » : bottes montantes (vraies), pantalon imper-respirant, sacs étanches pour le matos, lampe frontale, une bâche et deux sangles… et un plan B pour contourner l’Infield quand ça dégorge.

Météo : quand l’averse devient un instrument de percussion
On a connu des éditions plus sèches, oui. Mais 2025 a rappelé que Wacken est taillé pour encaisser : chemins renforcés, équipes qui circulent, messages clairs. Malgré tout, heureusement que les tracteurs sont là pour vous sortir de la tranchée.
Mention spéciale à l’alerte tempête déclenchée jeudi à 1h30 du matin sur tous les hauts-parleurs du camping, avec consigne de rejoindre les voitures. Sur le coup, ça surprend ; après coup, ça rassure : info diffusée en allemand et en anglais, staff présent, consignes nettes.
Et pour mémoire : d’autres grands festivals ont déjà payé cher des orages violents. Le Southside 2016 avait fait plusieurs dizaines de blessés. Ici, on anticipe.
Malgré tout, de nombreux festivaliers ont pointé un manque d’anticipation concernant l’état des chemins et des zones d'accueil. Les pluies étaient prévisibles et certains estiment que davantage aurait pu être fait en amont pour limiter la boue et faciliter les déplacements. Les attentes parfois interminables pour sortir les véhicules ont également suscité de vives frustrations, donnant le sentiment que l’organisation avait été prise de court sur ce point.
Wacken United 2025 : la ségrégation VIP, gare aux déconvenues
Souvenir amer de cette édition. En 2024, le Wacken United (le pass VIP tissé d’espoir de rencontres artistes-fans) se passait dans un seul chapiteau mêlant artistes, VIP, presse et festivaliers. Cette année, changement radical : chacun son coin, avec un catering artistes séparé de la tente Wacken United. Résultat : moins d’interactions, moins de spontanéité, et beaucoup de déçus.
Selon le site m-tours.de, le Wacken UNITED All-Day Ticket — qui inclut un pass festival 4 jours, 5 nuits avec petit-déjeuner et accès spa dans un hôtel 4 étoiles, navettes quotidiennes, accès privilégié, bar et catering, programmation exclusive, rencontres, merchandising limité etc. — s’affiche à environ 1 400 €. À ce prix-là, on s’attend à une expérience irréprochable, pas à une ambiance amputée par une séparation inutile.
Beaucoup regrettent la formule 2024, avec une terrasse en bois gigantesque, jugée plus conviviale et conforme à l’esprit du festival. Certes, quelques artistes ont râlé parce qu’ils étaient sollicités pendant leur repas, mais des règles claires (« ne pas déranger un artiste qui mange ») auraient suffi. Cerise sur le gâteau : plusieurs festivalières ont signalé que les portes des WC VIP ne fermaient pas et qu’elles devaient les tenir pendant qu’elles faisaient pipi — inadmissible pour un pass de ce prix.
Conclusion : difficile de recommander le Wacken United 2025, qui a perdu de sa magie.

Photo : Wacken United 2024 (source : Wacken.com)
Ambiance : la farandole sous la pluie
Sur le papier, la météo « casse » un festival. À Wacken, elle le réécrit. On a vu des groupes de fans partir en farandole au son d’une musique parfaitement débile lancée au hasard dans une boutique, des inconnus se prêter des ponchos, partager des chips, offrir un café brûlant à un voisin frigorifié. Cette légèreté — typiquement allemande dans l’approche « pas de mauvaise météo, que des mauvais vêtements » — évite la sinistrose et maintient le niveau de fun très haut.
Alerte tempête et efficacité allemande
Jeudi à 1h30 du matin, l’alerte a retenti sur tous les haut-parleurs du camping : une tempête est annoncée, retour dans les voitures conseillé. Protocoles légaux activés, et comme toujours, l’organisation allemande était au taquet. Finalement, la tempête fut tranquille, mais entendre messages en allemand ET anglais pour nous prévenir, c’était assez surréaliste… on pense forcément au Southside Festival, où une tornade avait déjà causé de gros dégâts.

L’ambiance, toujours aussi bon enfant
Rien ne vaut un festival allemand pour ressentir cette camaraderie authentique. Voir des Allemands se lancer spontanément en farandole au son d’une musique improbable balancé dans une des boutiques, c’est priceless. L’humour, l’acceptation de l’absurde, tout y est. Et, couché en pleine gadoue, tu réalises que malgré les conditions, tout le monde est là pour partager, s’amuser, vibrer.
Pour conclure : On n’est pas à Coachella, on est à Wacken
Ici, on n’est pas là pour se pavaner au bar VIP ou jouer les influenceurs sur Instagram. Non. On est là pour l’amour de la musique, pour se marrer dans la boue, pour chanter sous la pluie et encore danser malgré les tentes arrosées. On n’est pas au Coachella du metal, on est à Wacken, le festival authentique, où les conditions météo n’ont aucun pouvoir sur les sourires et la ferveur des fans.