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Interview | Arjen Lucassen de Plan Nine, 10/04/2024

08/05/2024 à 10:30 par Lucinda

Plan Nine : Arjen Lucassen dégaine un nouveau projet plus vite que son ombre !

 

Au fil des années, Arjen Lucassen est devenu une figure incontournable du metal progressif. Toutefois, on ne va pas se gêner pour refaire les présentations : depuis trois décennies, le musicien né aux Pays-Bas a sorti plus d'une vingtaine d'albums attestant de son talent et de son amour pour un certain nombre de styles. Du prog' au folk en passant par le heavy metal, le rock, le symphonique et la comédie musicale, le (très) grand Mastermind est avant tout (re)connu pour le « rock opera » Ayreon. Depuis 1995, une ribambelle d'invités prestigieux ont ainsi participé au projet pour incarner ses personnages. Et pourtant, le maître néerlandais n'en finit pas de nous surprendre ! Qui aurait cru que notre Hippie international dissimulait dans ses tiroirs des tas de démos jamais publiées ? Trente ans plus tard, le monde découvre enfin Plan Nine, projet de garage conçu en compagnie de son ami et chanteur Robert Soeterboek, bien des années, donc, avant que Ayreon voie le jour. Une fois de plus, Vintera Magazine a eu le plaisir et l'honneur d'échanger avec Mr L. à propos de ces nouvelles réjouissances musicales, tandis que l'album Long-Lost Songs sortira le 17 mai prochain.

 

Robert et toi avez collaboré de nombreuses fois ces trente dernières années. Pourquoi ne pas avoir remis le projet sur le tapis plus tôt ?

Arjen – Cela n’intéressait personne ! (Rires) Nous avons commencé à écrire ensemble vers 1991 avant d'enregistrer quelques maquettes pour les envoyer aux maisons de disques. À l’époque, le grunge avait le vent en poupe : les gens écoutaient Nirvana, Alice in Chains ou Soundgarden. On nous a répondu que la musique était bonne mais qu’on ne pourrait pas décrocher de contrat. Les temps étaient durs : je n’ai pas pu signer avec mon groupe Vengeance non plus, et mon album solo avait fait un flop… On a donc abandonné et cela a fini par tomber dans l’oubli.

Il y a un ou deux ans, Robert m’a contacté pour m’informer qu’il préparait un album solo. Il avait du mal à convaincre les labels : c’est pourquoi il a souhaité qu’on enregistre ensemble un de nos vieux morceaux. Robert est un très bon ami à moi depuis près de 40 ans, il s’en sort bien aujourd’hui et j’avais envie de lui donner un coup de main. Nous avons donc réuni tous les membres originaux et le résultat était vraiment satisfaisant. Malheureusement, quand Robert l’a fait écouter aux maisons de disques, ils ont détesté (Rires) Pour les citer : « Comment un musicien aussi talentueux peut produire une telle merde ? ». J’avais l’impression de revivre les rejets de l’époque. Mais en me renseignant sur le label, j’ai compris qu’ils étaient spécialisés en black metal, ce qui explique pourquoi cela ne leur parlait pas du tout !

On a ensuite écrit deux compos supplémentaires, avant de revisiter les démos qu’on avait enregistrées sur nos vieilles cassettes. Sans s’en rendre compte, on était en train de produire l’album à venir en réarrangeant la musique et les paroles. Je savais que ma maison de disques Mascot Records me ferait confiance.

 

 

Avez-vous retrouvé toutes les cassettes ?

À l’origine, on en avait plus que ça, mais il nous a été impossible de remettre la main sur chacune d'entre elles. En plus, ce n’est pas comme aujourd'hui avec le numérique où tu peux zapper facilement : tu dois écouter toute la cassette pour savoir ce qu’il y a dessus et tu passes ton temps à avancer ou rembobiner ! Dans l’édition digipack, le CD 2 contient ces démos-là, et on se rend compte de la mauvaise qualité…

J’ai pour ma part adoré le son très « 1970s » du titre « Life Goes On ».

Vraiment ? C’est justement ce morceau qu’on a eu du mal à retrouver. Je savais qu’on avait une compo’ qui sonnait « blues » et que j’aimais beaucoup, mais je ne me rappelais plus le nom. C’est celui-là même qui a finalement donné naissance à « Before the Morning Comes ». Pour moi, il s’agit de loin du meilleur morceau et je suis content qu’on l’ait choisi comme premier extrait. Au départ, Mascot était réticent et m’a dit : « Ce n’est pas comme ça que ça marche » car pour eux, le premier single devait être « heavy ». Je leur ai répondu que je ne me suis jamais conformé à quoique ce soit de toute ma vie (Rires). Les gens ont visiblement adoré et il y a eu beaucoup de vues sur Youtube, donc je pense que nous avons pris la bonne décision.

C’est fou que le label propose souvent une alternative à tes propositions, quand bien même tu as largement fait tes preuves par le passé…

Cela ne veut pas dire qu’ils ont le dernier mot. Nous sommes les meilleurs amis du monde et il s’agit d’une vraie collaboration. Parfois, on se laisse le bénéfice du doute. On exprime notre opinion, on en discute… Je leur ai laissé sélectionner le deuxième single car je ne savais pas quoi choisir moi-même. La tracklist est tellement variée ! Ils ont opté pour « Ice on Fire » qui sonne bien années 1980 et qui est très accrocheur. Avec du recul, je regrette un peu : j’aurais préféré « Let it Ride », qui est un meilleur successeur à « Before the Morning Comes ». Mais c’est une question de goût. Le fait de sortir un titre qui soit à l’opposé du premier single se défend aussi.

Penses-tu que le choix des singles joue un rôle important dans le succès d'un artiste de nos jours ?

Complètement. C’est la première chose que les gens entendent : s’ils n’accrochent pas, ils laissent tomber et passent à autre chose. C’est terrible, mais c’est comme ça. J’en suis coupable aussi et c’est comme ça que tout le monde procède. Il faut dire que j’ai une liste infinie de choses à écouter, donc je ne peux pas faire autrement. Heureusement, on a les fans purs et durs d’Ayreon qui me suivront toujours ! Souvent, on observe aussi que le deuxième single attire moitié moins de monde que le premier.

 

 

Si Plan Nine avait signé chez un label au moment de sa création, penses-tu que ta vie aurait été différente ?

Si on avait eu du succès, on serait sûrement partis en tournée, on aurait peut-être sorti un tube, et la vie aurait en effet pris une autre tournure. En un sens, je suis soulagé que cela n’ait pas abouti ! Je n’aurais probablement pas créé Ayreon. J’avais également écrit des morceaux de country qui n’ont pas plu. Le problème, c’est que ce style m’aurait collé à la peau : pour la majorité des gens, j’aurais été pour toujours ce « fameux chanteur de country » ! (Rires) Il y a trente ans, peu m'importait tant que ça marchait. Je rêvais de dédier ma vie à la musique, mais je ne savais pas comment m’y prendre, d’où les multiples essais. En ce temps, on aurait été prêts à vendre notre âme pour un peu de succès. Et puis, je n’avais rien, mis à part mon enregistreur de cassettes et ma guitare.

C’est triste à dire, car la vie de Robert aurait été différente aussi, mais je suis content que tout ait fait un bide ! C’est à ce moment-là que j’ai commencé à faire ce que je voulais. Je pensais que cela ne plairait à personne et finalement, j’ai visé dans le mille ! J’ai découvert que je devais me faire plaisir et arrêter d’écouter l'avis des autres, de supposer que les gens allaient aimer un style plutôt qu'un autre. Quand j’étais jeune, j’étais passionné de Jesus Christ Superstar, c'est ce vers quoi je souhaitais me diriger. Dès lors que tu commences à travailler dans ce qui te passionne, les résultats ne peuvent être que meilleurs.

 

En termes d’écriture et de composition, s'agit-il d'une vraie collaboration entre Robert et toi ?

Je suis un « control freak », donc j’en écris la majeure partie avant de les lui soumettre pour qu’il rajoute un couplet ici et là. Du côté des paroles, on les a vraiment écrites ensemble et il a composé l’intégralité de « High Speed Chases », même si j’y ai apposé ma touche à la fin.

À l'époque, t’es-tu servi de certains titres de Plan Nine pour finalement les sortir avec Ayreon ou Star One ?

Bonne question ! Un riff original de « The Preacher » s’est en effet retrouvé sur « Computer-Reign (Game Over) » dans le premier album d’Ayreon. Les morceaux ont ensuite évolué indépendamment l’un de l’autre. L’instrumental « Chaos » sur Universal Migrator (2000) a également été composé pour Plan Nine. J’ai même dû demander aux fans s’ils reconnaissaient des sons dans les démos car je ne me souvenais plus vraiment ce que j’avais déjà exploité pour Ayreon ! (Rires) À part ça, il est rare que je pioche dans le passé car j’ai besoin de me renouveler.

 

 

The Long-Lost Songs est un hommage au rock des années 1970 et 1980. Pourtant, le clip de « Before the Morning Comes » évoque les westerns. Comment expliques-tu cela ?

Quand j’ai rencontré Robert, j’ai été impressionné par son chant qui m’a rappelé celui de Ian Gillan. On s’est très vite bien entendus et par la suite, on a cherché nos points communs. Il n’a jamais été fan de prog’ : son truc, c’est le blues, la soul, le rock et le funk. Pour le coup, ce n’est pas du tout ma tasse de thé, même si je sais apprécier ces styles à petite dose et que je reconnais leur qualité. Ce qui nous liait, c’était les années 1970, comme Deep Purple et Whitesnake. On sent d’ailleurs l’influence de David Coverdale dans sa voix. Mais on est tous deux fans de southern rock, de Lynyrd Skynyrd à ZZ Top en passant par Blackfoot. Sur les posters de Lynyrd Skynyrd, tu peux voir que les membres arboraient tous des chapeaux de cowboy ! (Rires) Je ne suis pas sûr qu’on soit parvenus à convaincre davantage si on était allés à fond dans le délire « cowboy » il y a trente ans mais aujourd’hui, cela me paraissait inévitable. Je suis également féru de westerns et j’adore tous les films de Sergio Leone et Clint Eastwood. Josey Wales Hors-la-loi est un de mes préférés. Pour le clip, cela nous tenait à cœur de le tourner dans un vieux bar et nous produire sur scène comme un groupe de ratés qui n’intéresse personne !

 

On voit d'ailleurs que les membres du public ont tous un look évoquant soit les punks des années 1980, soit les fans de grunge des années 1990…

Robert a ramené des gens qui, parmi ses amis, avaient le look le plus étrange ou les traits les plus singuliers ! (Rires) Le public avait son importance.

Pourquoi la volonté d’envoyer les musiciens en tournée ?

La scène est la raison d’être de Robert. Dès le début, son objectif avec Plan Nine était de tourner, c’est pourquoi on a essayé de trouver des musiciens qui souhaiteraient l’accompagner. Ils ont une dizaine de concerts prévus, et la première date affiche quasiment complet, ce qui est super pour un nouveau groupe ! Moi, mon truc, c’est le studio. Je préfère rester à la maison (Rires) Mais j’ai hâte d’assister aux concerts.

Le nom du groupe fait-il référence au film par Ed Wood : Plan 9 from Outer Space ?

Complètement ! Robert a refusé de voir ce fameux « film si mauvais qu’il en est devenu culte » mais il a adoré le nom. Au départ, on voulait donc partir sur « Plan Nine from Outer Space ». Mais notre univers n’ayant rien à voir avec l’espace, on a seulement conservé le « Plan Nine ». Suite à quoi, notre premier claviériste, Cleem Determeijer, a découvert qu'un groupe américain s'appelait déjà « Plan Nine »… De nos jours, on se fiche d’avoir dix groupes du même nom mais dans les années 1990, on avait peur de ne pas pouvoir détenir les droits. On a donc pensé au nom « Planet Nine » avant de revenir au choix d’origine en se disant que le groupe américain ne devait probablement plus exister. Je pense que ça sonne beaucoup mieux ! En plus, on a rétabli la référence exacte au film d’Ed Wood.

 

 

Est-ce important pour toi d’accompagner ta musique d’une bande-dessinée ? Tu en avais déjà produit une pour Transitus (2020).

Quand j’étais petit, j’étais fou de comics et surtout de Spiderman. J’en avais des piles et des piles, et je n’avais qu’une hâte en rentrant de l’école : c’était de me plonger dedans ! J’étais vraiment un « nerd ». Tu vois Sheldon de The Big Bang Theory ? Eh bien c’était moi. (Rires) Je savais que c’était quelque chose qui m’intéresserait pour ma musique, mais je n’avais aucune idée du prix que ça me coûterait. Après Transitus, j’ai rencontré Élan López, qui a produit une bande-dessinée à l’occasion de la ressortie de Universal Migrator (2022). Pour Plan Nine, l’histoire du comics commence après les faits. On souhaitait lier les morceaux entre eux d’une certaine manière. Je ne sais pas si ça sera systématique pour les prochains albums que je ferai. Peut-être que le concept va s’essouffler… Mais tant que ça plaît aux gens, c’est le principal.

 

Pour terminer, peux-tu nous dire en quoi le Arjen Lucassen des années 1990 est différent du Arjen actuel ?

Je suis bien plus facile à vivre aujourd’hui. J’étais très arrogant, un vrai salaud ! Il n’était pas facile de travailler avec moi. Quand quelqu’un n’était pas assez bon et qu’il m’empêchait d’avancer, je le virais. Certains ont même porté plainte, car j’étais la raison pour laquelle ils avaient perdu leur travail… Désormais, je travaille avec les meilleurs musiciens du monde et j’ai du succès, donc le problème ne se pose plus ! (Rires) De manière générale, si cela ne va pas dans mon sens, j’ai du mal à bosser avec quelqu’un. Il faut aussi me comprendre : si quelqu’un loupait deux répétitions, je considérais que la personne n’était pas investie dans le projet. J’avais mes raisons avant de rentrer en conflit avec quelqu’un.

Musicalement parlant, je tentais plein de choses, j’en faisais trop pour faire plaisir aux autres. Encore une fois, je n’ai plus ce souci maintenant. Quand je produis un album qui ne marche pas si bien que ça, comme cela a été malheureusement le cas avec mon projet Supersonic Revolution (2023), ce n’est pas lourd en conséquence. Ces derniers mois, j'ai pu compter sur les préventes de 01011001 - Live Beneath the Waves qui va bientôt sortir (également le 17 mai prochain, ndlr). Je peux me permettre de faire des choses qui auront moins d’impact. J’étais vraiment quelqu’un de différent… Mais ce n’est pas évident de parler de soi. Je te conseille de poser la question à Robert, il te dira peut-être autre chose !

 

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