Hellfest Open Air 2025 - dimanche

Hellfest 2025 : la Fin des Hostilités

C'est une tradition désormais bien établie : à la mi-juin, Clisson se transforme en lieu de pèlerinage accueillant des metalleux venus des quatre coins du monde pour célébrer cette grand-messe des musiques extrêmes qu'est le Hellfest Open Air ! Place à notre reportage du dernier jour.

Reportage par Stef. Photos par Melany Wild

Gravekult

Dernière journée et ce coup-ci, les hostilités démarrent sous la Temple avec Gravekvlt, groupe dont je n’avais jamais entendu parler. Défini comme rock occulte, leur style collait nettement mieux à la description du programme qui précisait tout de même un mélange de speed, black et rock. Ça donne une bien meilleure idée de ce à quoi il fallait s'attendre ici : un groupe avec une sacrée patate qui enchaîne les brûlots. L’aspect occulte se retrouve en fond avec quelques sonorités rappelant les films d’horreurs des années 1980. Ça, c’est pour la petite ambiance digne de la Temple. Régressif et pas prise de tête, ajoutez une touche punk indéniable à l’ensemble et vous avez un bon réveil matin. Il faut bien ça pour entamer cette dernière journée de festival. Parfait !

Guineapig

En parlant de réveil, voilà le groupe goregrind de toute bonne matinée au Hellfest. C’est une sorte de coutume finalement et aujourd’hui, c’est Guineapig qui s’y colle. Encore une petite ambiance film d'horreur en intro pour l’arrivée sur scène du trio italien et c'est parti. Amis de la finesse, passez votre chemin ! Ça ne fait pas forcément dans la dentelle même si nous sommes plus sur la tendance "groovy" du style. Avec des titres ramassés et une rythmique propice au circle pit que ne rechigne jamais à faire le public, ça tabasse sévère sans mollir. Le chant très “pitch shifté” qui peut perturber l'auditeur peu habitué, passe plutôt bien en live avec eux. Nickel pour continuer à démarrer du bon pied.

Aluk Todolo

S’il y a bien un groupe qui n’a pas galvaudé son étiquette “occulte”, c'est Aluk Todolo. Le trio français de metal progressif expérimental lorgne carrément sur le mystique et nous propose un set à l'orée du chamanisme. Pas de chant ici, tout est exclusivement instrumental pour nous transporter hors du temps. Avec leur ampoule scintillant au gré des rythmes de guitare pour seule mise en scène, celle-ci est accentuée lorsque l’un des musiciens vient se poser devant elle pour la faire monter au ciel. Alors certes, il faut entrer dans leur trip mais si vous y êtes, impossible de décrocher tant leurs atmosphères réussissent à vous hypnotiser.

Poppy

Encore une artiste que je ne connaissais pas du tout. Le côté pop/metal peut tout à la fois inquiéter qu’attiser la curiosité. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les parties metal envoient carrément plus que d’autres groupes programmés lors de cette édition. Le mélange, aussi étrange soit-il, semble taillé pour le live. Entre mélodies pop accrocheuses et parties plus metalcore, le grand écart permet à l'artiste de nous montrer l'étendue de son talent. Avec son débordement d'énergie, elle emmène le public avec elle et prouve qu'elle avait bien sa place parmi nous. Je ne m'attendais pas forcément à apprécier, mais finalement, c'était une erreur et ce concert est passé nickel. Comme quoi, il est toujours bon d'aller se faire son propre avis.

Setlist

have you had enough?
BLOODMONEY
V.A.N (Bad Omens cover)
the cost of giving up
Anything Like Me
the center’s falling out
Scary Mask
Concrete
they’re all around us
new way out

Messa

Encore un groupe italien avec Messa, visiblement très attendu et c’est normal. Ils avaient déjà émerveillé le public avec une performance mémorable il y a trois ans, déjà sous une chaleur écrasante. Avec un nouvel album à défendre, c'est fort logiquement que nous avons droit à de nombreux nouveaux morceaux agrémentés de quelques anciens. Peut-être pas assez, mais on ne va pas bouder son plaisir tant les petits derniers passent parfaitement bien l'épreuve du live. Le son est nickel et rend justice aux compositions. Sara magnétise l'auditoire avec sa voix, le guitariste s'en donne à cœur joie et se/nous fait plaisir avec de nombreux petits solos. Le groupe nous emporte avec une facilité déconcertante et captive son public avec un show passant bien trop rapidement et qui se termine sur les growls du batteur. Au top, comme d'habitude.

Shaârghot

En quelques années, les français de Shaârghot ont réussi à se faire une belle place sur la scène indus. En veut pour preuve l’affluence de dingue sous la Temple qui déborde littéralement, à la fois dehors mais également sur une bonne partie de l'Altar. Il faut dire que le show est forcément au rendez-vous avec eux et leur sens de la mise en scène. Les costumes, les accessoires et les figurants, tout est là pour poser cette ambiance post-apocalyptique/fantastique qui les accompagne depuis le début. Un univers bien à eux qui participe à l'engouement toujours plus grand du public.

Taillé pour le live, chaque titre emporte l’adhésion d’une foule de festivaliers tout acquis à la cause du groupe. Le charismatique leader fait participer le public à tout va, allant jusqu’à faire asseoir tout le monde, même les personnes sous l'Altar pour une séance de "jump jump jump". Des slammers en pagaille partant de partout, et même de l'Altar pour certains, et une ambiance de dingue tout du long. Un excellent moment passé en leur compagnie. La prochaine fois, les avoir en Main Stage serait amplement mérité.

Setlist

The One Who Brings Chaos
Let me out
Kill Your God
Life and Choices
Traders Must Die
Cut Cut Cut
Great Eye
Uman Iz Jaws
The Way
Into the Deep
Break Your Body
Something in My Head

Shaârghot en images

Motionless in White

Beaucoup de metalcore cette année (et ce n’est pas fini). C'est au tour des américains de Motionless in White de venir en découdre avec un show parfaitement calibré pour mettre le feu à la Main Stage. Littéralement. Le cran au-dessus niveau pyrotechnie serait de déployer un vrai mur de feu sur scène. Impressionnant ! L'imagerie gothique du groupe ne se prend pas trop au sérieux et joue à fond la carte de l' "entertainment". Nul besoin d'être un grand connaisseur du groupe pour passer un excellent moment en leur compagnie. Il y a de la bouteille et ils savent s'y prendre pour emporter le public avec eux. Mission accomplie vu la très bonne ambiance qui a régné.

Setlist

Meltdown
Sign of Life
Thoughts & Prayers
Necessary Evil
Slaughterhouse
Voices
Disguise
Scoring the End of the World
Soft
Eternally Yours

Motionless in White en images

A Day to Remember

Metalcore toujours avec A Day to Remember, mais pas que. Le groupe incorpore également pas mal d'éléments pop/punk avec notamment des refrains plus entraînants. Après une arrivée tranquille sur le “Also sprach Zarathustra” de Johann Strauss, le ton est donné pour, là encore, un show parfaitement rodé. De la pyrotechnie à tout va, du lâché de confettis et un circle pit demandé et bien évidemment obtenu pour faire bouger le public. Tout est en place mais pour le coup, ça me parle beaucoup moins. Mention spéciale pour avoir fait applaudir les agents de sécurité qui récupèrent les slammeurs. Sympa et bien vu, tant on a tendance à les oublier.

A Day to Remember en images

Falling in Reverse

Il est maintenant l'heure pour le groupe phénomène qui remplit des salles à tour de bras et fait un carton plein en ce moment : Falling in Reverse. J’avoue être totalement passé à côté jusqu'à il y a peu et suis donc curieux de voir ce que ça donne. Autant le dire tout de suite, ce n'est pas spécialement pour moi. Quoiqu'il en soit, on peut leur reconnaître d'offrir un show digne de leur notoriété. Il y a certes la pyrotechnie qui fonctionne toujours bien, mais aussi Ronnie Radke, un frontman charismatique, tout en tatouage, qui en appelle régulièrement au public et sait comment amener chaque prochain morceau. C'est de la grosse machine avec beaucoup de vidéo en fond pour parfaire le tableau. À noter également le petit plus de jouer un morceau depuis les backstages, à savoir : "La Vie en Rose", d'Édith Piaf (!) et on a là un show qui se suit malgré tout sans déplaisir.

Setlist

Intro : La vie en rose (Édith Piaf)
Prequel
Zombified
I'm Not a Vampire
Fuck You and All Your Friends
Bad Guy
Losing My Mind
The Drug in Me Is You
Just Like You
NO FEAR (joué backstage)
God Is a Weapon
All My Life
Popular Monster
Voices in My Head
Ronald
Watch the World Burn
Outro : We Are the Champions (Queen)

Falling in Reverse en images

Linkin Park

C'est maintenant l'heure des retrouvailles tant attendues avec Linkin Park, dont leur dernier passage au Hellfest en 2017 était également l'un des tout derniers concerts du regretté Chester Bennington. Difficile de s'en relever et il aura fallu du temps, totalement compréhensible, pour voir le groupe renaître. Petit changement de braquet au passage, c'est désormais une chanteuse, Emily Armstrong, qui a la lourde tâche de succéder à Chester. Ce n'est évidemment plus pareil sur les anciens morceaux mais la relève est pour autant bel et bien assurée.

Le groupe propose un show avec une setlist chapitrées en plusieurs actes. Chacun d'eux est un mélange d'anciens et de nouveaux morceaux. Une plutôt bonne idée sur le papier, mais on regrettera quand même les (trop) longs temps de pause que ça a engendré entre chaque partie. Pour le reste, le spectacle est parfaitement calibré avec un "lightshow " magnifique. Mike Shinoda assure une bonne partie de la communication avec le public mais Emily n'est pas en reste pour le faire participer et bouger. Le son est très bon et il n'y a rien dire. Un retour en force et un groupe définitivement prêt à s'installer à nouveau sur le devant de la scène.

Setlist

Act I

Inception Intro A (avec des éléments de "Castle of Glass")
Somewhere I Belong
Lying From You
From the Inside
The Emptiness Machine

Act II

Creation Intro A (avec des éléments de "Castle of Glass")
The Catalyst
Burn It Down
Two Faced
Waiting for the End
Up From the Bottom
One Step Closer

Act III

(Break/Collapse)
Lost
Overflow
What I've Done
Numb
In the End
Faint

Rappel :

Resolution Intro A (avec des éléments de "Castle of Glass")
Papercut
A Place for My Head
Heavy Is the Crown
Bleed It Out (avec un extrait de "Reading My Eyes")

Et c'est la fin du Hellfest, édition "Out of Bounds"

Après la vague de mécontentement de l'année dernière sur le fait de ne pas avoir eu de feu d'artifice, il ne faut pas attendre longtemps après la fin de Linkin Park pour qu'il en soit lancé un. Un de ces feux d'artifice dont le festival a le secret. Toujours magnifique sur des classiques du metal, il est évident que ça clôture de fort belle manière ces quatre jours de festival. Un festival éreintant sous une chaleur parfois insupportable. Pas évident de tenir devant les Main Stages, et les zones d'ombres annoncées étaient évidemment prise d'assaut et longtemps squattées. Par contre, c'est toujours drôle de voir des groupes suivre l'ombre du moindre poteau. Bref.

Malgré une affiche parfois décriée, nous avons encore eu droit à une édition de haute tenue. Avec trois scènes en parallèle, il y a clairement de quoi être rassasié et de faire son lot de bonnes découvertes. Ajoutez à cela toutes les infrastructures en place qui nous permettent d'être dans un monde à part pendant un long week-end. Encore une bien belle édition en définitive. Un grand merci à toutes les équipes de nous proposer cet événement hors norme. À l'année prochaine !

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