S’il faut tout de même avouer que ça devient un peu compliqué de suivre le rythme de cette double édition, ne boudons pas notre plaisir et profitons pleinement de ces deux derniers jours avant le retour au bercail !
Reportage par nos envoyés spéciaux Lucinda et Stef. Photos par Julien Zannoni.
SAMEDI 25 JUIN
Impossible de louper DROPDEAD CHAOS, qui occupe le premier créneau sous l’Altar, à 10h30 pétantes. Muni d’un café, nous trouvons facilement une petite place contre la barrière, bien que la formation française rameute déjà un beau monde. Et pour cause : les musiciens qui la composent sont loin d’être inconnus au bataillon, et possèdent une solide expérience grâce à leurs groupes respectifs et collaborations passées. Le groupe, notamment composé de Nils Courbaron de SIRENIA et Jacou de BLACK BOMB A et né du confinement il y a à peine plus de deux ans, parvient à donner un concert millimétré, et chaque membre semble bien décidé à se laisser emporter par l’énergie du moment en secouant la centaine de spectateurs venus de bonne heure. À les voir, on a du mal à croire qu’il s’agit seulement du deuxième concert de toute leur carrière !
Surfacing, reprise de SLIPKNOT, se mêle parfaitement au reste du set sans dénoter, et le public n’en est que plus conquis. Des sourires échangés entre Déhà et Renato, les deux vocalistes, à la fin du set laissent transparaitre le plaisir ressenti de jouer ensemble. Voilà une performance que nous ne sommes pas près d’oublier.
Arrivée un peu tardive sous la Temple pour AUTARKH : la fin du concert laisse entrevoir un groupe intéressant, jouant sans batterie mais avec un ordi. On y retrouve deux anciens membres de feu DODECAHEDRON dont l’influence se fait quelque peu ressentir en poussant encore plus loin la folie qui émanait de cette formation. À creuser.
Direction la Valley pour MY OWN PRIVATE ALASKA, groupe pratiquant du “pianocore”. Cela peut surprendre pour qui ne connait pas, mais force est de constater que ça tourne carrément bien ! Le groupe joue assis mais le chanteur se lève quand même de temps en temps et, malgré tout, l’énergie n’en pâtit pas. Les Français arrivent à mettre une grosse ambiance et leur concept fonctionne parfaitement. Génial.

Petite balade jusqu’à la Warzone pour voir STEREOTYPICAL WORKING CLASS investir la scène sur le générique de K2000. Très bonne entrée pour ensuite dérouler son metal/rock sous influence neo, typique des années fin 90/début 2000. Cela étant, le groupe en propose une version qui lui est propre et y apporte quelques variations intéressantes avec des paroles parfois en français et des sonorités plus rock. Par ailleurs, la formation développe une bonne énergie qui fait mouche face à un public réceptif.
On investit ensuite les scènes principales pour AYRON JONES et son groove rock qui rafraîchit et engage aisément les spectateurs. Un excellent moment où l’Américain impose le respect en dépit d’un style désaturé complètement à part mais qui ne manque pas de mordant pour autant. A revoir impérativement en configuration salle ! Dans un style pas si éloigné blues/rock, nous assistons au show de GARY CLARCK JR sur la même scène une heure plus tard. Pas forcément attendu sur ce festival, il n’en reste pas moins un choix parfait pour passer ce début d’après-midi de manière plus posée.
Petite pause en attendant ARCTURUS. Les concerts du groupe se faisant assez rares, il ne fallait pas manquer l’occasion. Les Norvégiens nous ont concocté une setlist spéciale “chant clair”, très axée sur l’album « La Masquerade Infernale » (1997) et on doit attendre le dernier titre pour avoir un peu de chant black et un morceau plus bourrin avec To Thou Who Dwellest in the Night. Étrange, sachant que le groupe est capable de bonnes variations. Bref, peu importe au final car la setlist est quand même cool et les autres albums ont aussi été représentés. Quant à ICS Vortex, il assure le show de sa manière atypique.
La suite de la programmation sous la Temple arrive avec IGORRR qui a malheureusement pas mal de retard à cause de ce qui semble être un problème technique. Le show se retrouve donc amputé d’un bon quart d’heure et c’est fort dommage tant l’attente est forte dans le public venu en masse. Heureusement, une fois tout en place et les premières notes jouées, l’intensité est de mise et on passe un bon moment dans le joyeux bordel mis en œuvre par les Français. Ce brassage des genres fait des merveilles en live, et on en redemande.
Du côté de la Mainstage, EPICA prend place et mène comme à son habitude une performance sur des rails et sans surprise, même si les effets pyrotechniques et les deux serpents géants en fer forgé encadrant la scène font néanmoins leur petit effet. A l’instar de HELLOWEEN le jeudi, on déplore l’absence de certains titres dans la setlist, en particulier du titre The Skeleton Key, presque toujours joué et ici supprimé. Mais cela fait toujours plaisir de se défouler sur Consign to Oblivion, qui clôture quasiment tous les concerts depuis 2005.


Epica
Passage à l’Altar avec DRACONIAN, qui entre en scène pour un concert très particulier car Heike Langhans quitte la formation et est remplacée par Lisa Johansson, ancienne chanteuse du groupe. Ce concert du Hellfest a donc été choisi pour immortaliser cette passation avec deux morceaux pour chaque chanteuse et trois autres en duo. On aurait pu s’attendre à quelques titres plus anciens mais c’est surtout les deux derniers albums qui sont mis en avant. En somme, un moment unique qu’il ne fallait tout de même pas manquer et un surplus d’émotion en prime pour un groupe qui en dégage déjà beaucoup de base.
Sous la Temple, le concert de MYRKUR a été un moment de grâce pour les amateurs de musique folk. La voix cristalline de Amalie Bruun a su transcender les limites de la scène et atteindre l’âme de chacun des spectateurs présents. L’album « Folkesang » (2020) – qui y était joué en intégralité, et qui explore les traditions musicales scandinaves, a été magnifiquement interprété, créant une atmosphère tout simplement magique. Cependant, la mauvaise qualité du son, due en partie à la réverbération des bâches arrières du chapiteau, a quelque peu entaché cette expérience musicale hors du commun. Malgré cela, Myrkur a su captiver l’audience avec sa prestation envoûtante et poétique.
De nombreux mastodontes du metal symphonique étant réunis sur cette deuxième partie de l’édition, nous ne pouvons passer à côté de NIGHTWISH, qui monte sur scène face au soleil crépusculaire. Désormais, le ciel est dégagé, les musiciens ont chaud avec le soleil en pleine face mais n’en sont pas moins efficaces, en particulier l’excellente Floor Jansen qui brille comme toujours par son énergie et sa voix puissante. On est à des lieues de la performance éteinte de 2018 – le créneau n’est pas le même non plus. Ici, tous les éléments sont réunis pour que le concert soit mémorable et émouvant. On regrette que les musiciens, mis à part Floor, restent inlassablement dans leur coin, réagissant toutefois lorsque la chanteuse vient à leur rencontre.
Le tube Noise, le bestial Tribal et l’intense Shoemaker, tous extraits du dernier album, « Human. :||: Nature. » (2020), contrebalancent sans effort les plus cultes Dark Chest of Wonders, Planet Hell et Ghost Love Score, tandis que la formation termine de façon magistrale avec The Greatest Show on Earth puis, contre toute attente lorsqu’on n’a encore assisté à aucun concert de cette tournée, avec les vocalises incroyables de Floor sur Ad Astra, tandis que les membres viennent solennellement se positionner à ses côtés, face à l’audience… Que de frissons, que de satisfaction ! Nous voilà réconciliés avec NIGHTWISH.

Myrkur
Il devient compliqué d’accéder aux Mainstages et pour cause, les GUNS N’ ROSES s’apprêtent à entrer sur scène pour nous inonder de ses classiques et aussi de pas mal de reprises. On aura ainsi droit à du AC/DC avec Back In Black, du VELVET REVOLVER avec Slither ou également THE STOOGES avec I Wanna Be Your Dog chanté par Duff McKagan. Évidemment, Slash a son moment de gloire et nous gratifie d’un bon gros solo (sans compter ceux pendant les morceaux) et sortira même la double guitare un peu plus tard pour Knocking On Heaven’s Door. A noter également le piano qui arrive sur scène pour November Rain. Les américains ont droit à un gros créneau leur permettant de jouer pendant 2h30 et ainsi ravir les fans.
En même temps que la fin du concert des GUNS, CONVERGE & CHELSEA WOLFE sont sous la Valley pour nous jouer “Bloodmoon: I” (2021). Il s’agit là d’un album collaboratif dont l’origine vient du Roadburn en 2016 qui les aura déjà vu jouer ensemble, notamment sur le morceau Wretched World joué aujourd’hui aussi. Pour le reste de la setlist, ça sera donc quasiment tout “Bloodmoon”. Une tournée en commun n’aura sans doute pas lieu souvent, donc autant dire que la prestation était attendue et n’a pas manqué de marquer les esprits. Entre moments de grâce et quelques sursauts d’énervement “convergiens”, le concert nous tient en haleine et nous transporte de fort belle manière, tandis que la journée touche presque à sa fin.
BLIND GUARDIAN ferme la marche en beauté sur la Mainstage 02 en jouant l’intégralité de « Somewhere Far Beyond », chose qu’ils ont proposé à chaque festival depuis le début du mois afin de célébrer le trentième anniversaire de l’album. Ceci a bien sûr pour effet de ravir les fans les plus anciens. Les Allemands finissent de fédérer la foule compacte avec Mirror Mirror et le (trop) entêtant Valhalla, que la foule chantonne sans parvenir à s’arrêter !
DIMANCHE 26 JUIN
Le moins que l’on puisse dire sur ce tout dernier jour, c’est que la populace se densifie dès les premières heures et qu’il est plus difficile que jamais de circuler. Le coupable ? Probablement ce fameux groupe américain à la renommée explosive qui foule pour la première fois le sol clissonnais et qui va clôturer cette monumentale édition…
On commence au niveau de la Temple avec les Français de SORDIDE qui jouent du black, mais pas que. Le combo varie pas mal et propose également des moments plus atmosphériques ainsi que quelques expérimentations. A noter que les textes sont quant à eux intégralement en français.
Vu le contexte actuel, ce n’était pas forcément une évidence mais les Russes de NYTT LAND sont bien présents aujourd’hui et nous offrent une plongée dans le chamanisme. Chant et percussions avec parfois quelques instruments à cordes, l’ensemble est minimaliste et fonctionne parfaitement malgré une légère impression de tourner en rond. Un de ces concerts où il faut vraiment entrer dedans pour l’apprécier pleinement, ce qui n’est pas toujours évident en festival.
Changement de registre avec DEMILICH. Ce n’est pas la première fois que les Suédois se produisent ici pour nous jouer leurs classiques death extraits de leur unique album “Nespithe” sorti il y a quasiment trente ans. Et le groupe tourne dessus depuis qu’il s’est reformé en 2015, si on excepte quelques démos ici et là. Au moins, peu de surprise ! Et on a l’assurance que ça va parfaitement fonctionner avec toujours les touches d’humour entre les morceaux. Du tout bon.
C’est maintenant au tour d’un autre concert spécial de se dérouler avec SVART CROWN qui a décidé de faire ses adieux ici après des années de bons et loyaux services et un dernier EP fraîchement sorti intitulé “Les Terres Brûlées”. La setlsit nous en réserve d’ailleurs deux morceaux avec An Open Heart et Digitalis Purpurea. Il fallait donc profiter de cette dernière rasade de black/death des français et le public ne s’est pas fait prier !
Et comme cette édition du Hellfest réserve plein de surprises et de concerts à part, nous voilà face à la collaboration de deux des formations les plus en vue de la scène metal française avec REGARDE LES HOMMES TOMBER et HANGMAN’S CHAIR. Ca fait du monde sur scène mais la mécanique est bien huilée. L’alternance des chants et le mélange des deux univers propulse le concert dans de hautes sphères. Encore un immanquable.

MYSTICAL TRIBES
On demeure sous la Valley pour les Italiens d’UFOMAMMUT. Le groupe était en pause suite au départ de son batteur mais finalement il n’aura pas fallu attendre longtemps pour les revoir avec un nouvel album à défendre intitulé “Fenice” sorti cette année. Plus léger et surprenant que ce à quoi le groupe nous avait habitués, il en ressort un concert moins lourd que d’habitude et sans doute plus abordable pour qui ne connaîtrait pas. Pas forcément convaincu pour le moment, à suivre.
Retour sous la Temple pour faire face à un rideau noir qui dévoile ensuite une décorum impressionnant pour les Tchèques de CULT OF FIRE. Ça rend super bien et la mise en scène possède quelques originalités comme ses guitaristes jouant assis en tailleur. Musicalement, c’est du black metal à grand renfort de bandes sonores pour instaurer une ambiance religieuse/mystique…
On ne change pas de registre avec le black des Polonais de MGLA. Le groupe continue de (dé)montrer que la musique peut se suffire à elle-même sans communiquer avec le public, ni même bouger sur scène. Alors certes, le style peut s’y prêter plus que d’autres. Par contre, les pauses entres les morceaux semblent avoir tendance à s’allonger au fil des concerts et laissent des blancs coupant l’intensité émanant de chaque composition. Un petit peu dommage. Pour autant, on reste impressionné par leur maîtrise et tout ce qui se dégage des morceaux.

On a le malheur de s’y prendre à la dernière minute pour assister à la performance d’AVATAR – car déjà les premiers rangs de la Mainstage 01 sont banalisés par les fans de METALLICA depuis plusieurs heures, sans compter l’avancée scénique que le groupe a fait installer et qui monopolise une bonne partie de l’espace. Le soleil tape de nouveau sur nos têtes et c’est la folie furieuse qui sévit dans cette foule compacte au son de Let It Burn, Smells Like A Freakshow ou encore Bloody Angel et Hail The Apocalypse. Autrement dit, une setlist idéale en festival.
Dommage que le son ait été déplorable (étonnamment bas !), ce qui a engendré pas mal de complaintes de la part de l’audience. C’est surtout le micro de Johannes qui s’avère extrêmement mal réglé : le chanteur ayant pour habitude d’interagir de façon très théâtrale avec le public, on regrette d’autant plus qu’ils soient victimes d’un tel souci technique… Ce qui ne les a pas empêchés de ressortir victorieux, tant les shows d’AVATAR valent le détour en tous points !
Si, sur la Temple, la communication avec le public était inexistante avec MGLA, voici l’exact opposé avec NAPALM DEATH sous l’Altar ! Les Anglais viennent régulièrement jouer ici mais c’est toujours un plaisir de les voir. Barney bouge toujours dans tous les sens et apporte une bonne humeur communicative. Une valeur sûre qui reste un incontournable.
C’est la (presque) dernière ligne droite, avec SABATON et son énergie accrocheuse. Les Suédois ne manquent pas de faire allusion à l’édition 2019 où ils avaient dû se produire deux fois, dont une fois pour remplacer un certain groupe américain à la volée, tandis que leur chanteur Joachim Brodén était quasiment aphone. A travers leur discours, on perçoit leur grande reconnaissance envers le public qui les a soutenus lors de ce changement de programme inattendu. Une belle « première partie » à ce qui va suivre et ce que – ne nous leurrons pas, une bonne partie de la masse attend…

METALLICA
Quoi de mieux pour conclure cette édition hors-norme que d’avoir l’un des (si ce n’est le) groupe de metal rassemblant le plus : METALLICA. Quoiqu’on puisse en penser, cela reste un événement dans l’histoire du festival et un marqueur fort. Le groupe arrive avec une scène très colorée, à grand renfort de néons, lasers et multiples écrans. Bref, c’est magnifique et ça en jette. Bien évidemment, la pyrotechnie est de la partie, sur scène, mais surtout derrière la foule, au niveau des éléments de décor. Quant au son, on n’aura jamais profité d’une telle qualité. C’en est déroutant ! Mais on ne s’appelle pas METALLICA pour rien…
Niveau setlist, on a droit à un beau best-of avec quelques morceaux plus rarement joués comme Dirty Window, Damage Inc. et No Leaf Clover. Le show est assuré comme d’habitude, avec un James Hetfield qui ne manque pas de communiquer avec humour avec nous, et de questionner de façon ironique pourquoi le groupe a attendu tout ce temps avant de se produire au Hellfest ! De même, l’artiste n’omet pas de reconnaître la belle allure du site : « On dit que ce lieu représente l’Enfer… Si c’est le cas, il est bien plus beau que l’enfer dans ma tête ! »
Le public gigantesque est conquis pendant quasiment deux heures. On ne pouvait rêver mieux pour finir un Hellfest qui restera dans les annales pour son ampleur et sa démesure. Assurément the place to be !



Metallica, le grand final !
A l’année prochaine…
________________________
HELLFEST PART I – introduction et vendredi
HELLFEST PART I – samedi
HELLFEST PART I – dimanche
HELLFEST PART II – jeudi et vendredi