La pluie salvatrice tombée tôt ce matin force la canicule à tirer sa révérence, et nous pouvons enfin profiter d’une dernière journée bien plus respirable… Il était temps !
Reportage par nos envoyés spéciaux Lucinda et Stef. Photos par Julien Zannoni.
C’est de bonne heure qu’on tient à se rendre sur le site en cette dernière journée de Hellfest 2022 – du moins, dernière journée de la première partie, avant que les hostilités reprennent le week-end suivant. En effet, STENGAH prend possession du tout premier créneau sur la Mainstage 2 et promet de faire bouger une foule non négligeable composée d’irréductibles qui vont jusqu’à pogoter sans faiblir, à la demande du chanteur Nico. Le set est propre et convaincant, et on se réjouit de nous entretenir avec eux un peu plus tard dans la journée (lire notre interview ici !).
On transite juste à côté, avec les Autrichiens fous de KONTRUST. Malgré un récent changement de line-up (nouveau batteur et nouvelle chanteuse), le groupe est en place et livre un show plein de punch qui permet de démarrer la journée du bon pied. Leur look tyrolien et leur musique mélangeant allégrement metal, rock, fusion et autres… met de bonne humeur. Un groupe qui aurait eu sa place plus haut sur l’affiche tant il arrive à fédérer.
Les vétérans français de SORTILEGE prennent alors position à côté. Très attendu depuis leur reformation, leur heavy metal illustrant des textes en français fonctionne parfaitement. Le chanteur est encore bien en voix et les musiciens ne sont pas en reste avec notamment quelques soli très savamment exécutés. Un groupe content de retrouver la scène et ça se voit !
LACUNA COIL prend la suite et là encore c’est un groupe qui mériterait d’être plus haut sur l’affiche, car ils peuvent clairement rassembler bien du monde à leur cause. Il est toujours dommage qu’ils fassent l’impasse sur leurs débuts, mais les derniers albums sont bien taillés pour le live avec des morceaux qui ont prouvé leur efficacité. Et pourtant, ce choix de set nous laisse sur notre faim, comme si les Italiens avaient pris soin de laisser de côté leurs titres les plus catchy… Quoiqu’il en soit, le groupe est en forme, communique bien, et nous offre l’indispensable Heaven’s A Lie, repris en chœur par l’audience. Soit dit en passant, on regrette que Dame Cristina s’attarde autant devant les photographes sur les premiers morceaux… Heureusement, une attitude plus « rock’n’roll » reprend le dessus en fin de set, lorsqu’elle part se promener à l’autre extrême, sur le rebord bas de l’écran géant central !
Le temps de rejoindre la Valley, INTER ARMA a déjà commencé. Le black/sludge des Américains est assez original et on ne sait pas toujours quel tournant va prendre tel ou tel morceau quand on ne connait pas. Pas mal de surprises donc, et de nombreuses influences qui se mélangent sans problème. Entre sludge rampant, ambiance tribal et black énervé, ça joue sur plusieurs tableaux, et ça le fait bien. Le chanteur vit la musique et est à fond dedans. Excellent !
Fait incontestable : DORO fait partie des figures emblématiques de hard rock et de heavy metal. En dépit de son air ravi et ses nombreuses interactions avec le public, on a toutefois du mal à ne pas trouver l’ensemble de la performance linéaire et attendue – elle sera, hélas, vite oubliée.
Du côté de la Valley, c’est la curiosité TWIN TEMPLE qui prend place. Le show débute de manière cérémonielle, façon messe noire satanique avec lecture de texte et public (adeptes) pris à parti. Cela ne dénoterait pas chez beaucoup de groupes de black metal, mais les Américains officient en réalité dans un doo-wop plus classique. Du coup, l’atmosphère installée par cette introduction retombe rapidement ! Etrange, mais musicalement, ce n’est pas désagréable pour autant, avec de bonnes parties de saxophone et une musique entraînante… Belle découverte.
Retour devant la Mainstage, où commence à se presser pas mal de monde pour les Ukrainiens de JINJER. En plus d’avoir pris du galon ces dernières années, le contexte actuel fait que le public est là en masse pour soutenir le combo. Extrêmement bien accueilli dès leur arrivée sur scène, le groupe délivre un gros show avec une Tatiana toujours impressionnante dans sa capacité à alterner aisément growl et chant clair. Bien sûr, ils communiquent un message à propos de la situation en Ukraine. Le groupe reste toutefois concentré sur sa musique, ce qui ne doit clairement pas être facile. Le drapeau ukrainien rejoindra la scène pour la photo finale avec le public. L’une des prestations les plus mémorables du week-end.
BORKNAGAR rameute une foule respectable sous la Temple. Le son est plutôt bon, même si les mélodies qui participent grandement à la richesse de leur son ont quelque peu de mal à ressortir. Mais les voix, et surtout celle de Lars Nedland, nous enchantent hautement, et la setlist finit de nous ravir. A n’en pas douter, une véritable révélation !
Un peu plus tard, on assiste au grand retour de l’habitué Phil Anselmo avec ses comparses de DOWN. Peu en voix à son arrivée, le début du concert est poussif et inquiétant pour la suite. Heureusement, on sent une amélioration au fil des morceaux et le groupe déroule les classiques comme à son habitude. Clairement pas leur meilleur concert, mais la prestation est honnête et le public semble ravi. La fin de concert est toujours aussi cool avec le groupe qui laisse jouer les roadies à sa place afin d’aller saluer le public tranquillement !
Les désormais habitués KORN entrent ensuite sur la Mainstage. Pas de Fieldy à la basse : c’est Ra Diaz qui prend sa place et qui s’en sort avec les honneurs. Le groupe démarre par le fédérateur Here To Stay, extrait de « Untouchable » qui fête déjà ses vingt ans. Malgré cet anniversaire, ça sera le seul titre joué de cet album ; nous avons plutôt droit à un best-of avec, pour continuer, Got The Life et Falling Away From Me histoire de mettre tout le monde d’accord. Le groupe est en forme et le public à fond avec certainement l’une des meilleures ambiances du week-end. Bien évidemment, nous bénéficions du doux son de la cornemuse pour Shoots & Ladders. Quelques nouveaux morceaux placés ici et là s’intègrent bien au set, mais la différence se fait sentir avec les classiques du groupe, qui terminera d’ailleurs sur Twist, A.D.I.D.A.S. et enfin Blind. Juste parfait !
Devin Townsend
C’est avec déchirement qu’on rate PERTURBATOR au profit du concert de Devin Townsend – le choix est hélas vite fait ! Si lors de l’édition 2017, le Canadien s’était produit sur la Mainstage 01 avec le DEVIN TOWNSEND PROJECT, c’est sous l’Altar qu’il fait son grand retour. Loin de proposer une succession de tubes – ou du moins, des titres bien existants dans sa conséquente discographie qui seraient bien mieux passés en festival, le grand Devin, plutôt motivé ce jour-là, parvient néanmoins à régaler la foule, même si j’ai toujours beaucoup de mal à comprendre l’engouement de cette dernière pour un morceau tel que Failure, qui plus est en ouverture… Ceci se voit heureusement compensé par l’excellentissime By Your Command, ou encore le très pondérant March of the Poozers. Les fans les plus anciens, quant à eux, apprécient sans doute la présence de deux titres de STRAPPING YOUNG LAD dans ce court set.
Au tour d’ALCEST, qui démarre avec trois morceaux du dernier album, « Spiritual Instinct ». L’ambiance est posée mais malheureusement pour eux, c’est bientôt l’heure de la dernière grosse tête d’affiche du week-end. Et même LA grosse tête d’affiche française de ce Hellfest avec… GOJIRA !
Le groupe a véritablement changé de dimension ces dernières années en s’ouvrant à un public de plus en plus large. Niveau show, c’est énorme, et on en prend plein les yeux et les oreilles. Une grosse claque qui nous laisse sur place, émerveillés. Alors oui, on pourrait faire la fine bouche au sujet de la setlist, car il manque bien quelques anciens morceaux, mais tous les albums (ou presque) sont représentés et nous avons même la joie d’entendre Space Time, pas joué en live depuis des années. Un super concert et un groupe qui n’a pas galvaudé sa position de headliner.
C’est désormais l’heure du fatidique feu d’artifice – inattendu, car nous pensions qu’il serait uniquement tiré à l’issu du deuxième week-end ! On sent que les moyens ont été mis pour offrir un superbe spectacle pendant plus de dix minutes avec, comme toujours, des tubes intemporels connus de tous en fond.
Pendant ce temps, WATAIN reste imperturbable sous la Temple, malgré quelques blackeux curieux d’admirer les feux au loin…
Watain
Tout est calé au millimètre près depuis quelques années maintenant, et on sait à quoi s’attendre en ce qui concerne leur jeu. Erik nous surprendra quand même en balançant sa torche encore allumée dans le public… Fallait être attentif ! Les titres s’enchaînent jusqu’au final très ambiant et cérémoniel qui sied à la fin de cette première partie de Hellfest.
En dépit de trois jours riches en émotions qui ont marqué notre grand retour en terre sainte, on n’est pas les derniers à accueillir à bras ouverts une pause bien méritée jusqu’à la reprise le jeudi suivant qui s’annonce légendaire…!
Rendez-vous bientôt pour le 2e week-end de cette édition phénoménale.
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HELLFEST PART I – introduction et vendredi
HELLFEST PART I – samedi
