Une fois n’est pas coutume, c’est trois noms connus de près ou de loin des Marseillais qui composent cette affiche, en ce samedi soir fort automnal.
MYRATH est clairement un habitué de la cité phocéenne et de ses environs. Et ce n’est pas Zaher Zorgati qui prétendra le contraire, puisqu’il lancera un « Putain, on joue quasi à domicile ! » à la foule. Le chanteur ajoutera avec humour que Morgan Berthet, le batteur, est en réalité le seul français du groupe !

Zaher Zorgati
Pas de surprises côté setlist, et ce depuis la sortie de « Legacy » (2016), que Zaher désigne comme étant le « nouvel album » (alors que l’opus est sorti depuis presque deux ans et que son successeur est en préparation). Il faut bien avouer que le niveau de leur discographie est tel que de nombreux titres mériteraient d’être mis à l’honneur plus souvent. Cela ne nous empêchera pas d’être touchés par ces cinq compos’ aux sonorités délicieusement orientales (en particulier les très efficaces Believer et Storm Of Lies), colorées par la voix d’un Zaher très en forme.
Depuis quelques temps déjà, le groupe a trouvé leur danseuse orientale attitrée en la personne de « Kahina Spirit ». L’artiste portugaise avait notamment marqué les esprits lors de la XIIe édition du Hellfest, en juin dernier. Depuis, la danseuse, très souriante, a visiblement pris ses marques et a gagné en assurance : les chorégraphies sont exécutées avec brio et en harmonie avec les sonorités épiques de MYRATH, et ce dès la superbe introduction orchestrale Jasmin.
MYRATH quitte la scène réjoui face aux ovations, après l’explosif Beyond The Stars, pendant lequel Kahina reviendra nous envoûter de ses danses voluptueuses.

Anneke van Giersbergen
Bien qu’il s’agisse d’une formation récente, les fans de metal mélodique ne sont pas sans connaître la fondatrice de VUUR, puisqu’il s’agit de nulle autre qu’Anneke van Giersbergen, que l’on ne présente plus. Le groupe, en action depuis cet été, est en passe de devenir l’un des plus gros noms du style, avec ses compos audacieuses et, bien sûr, la voix et le professionnalisme d’Anneke.
Le sourire et l’énergie de l’interprète irradient comme d’habitude la scène, tandis que son chant aussi puissant que varié subjugue sans effort l’audience. La chanteuse s’amusera à nous faire crier le mot « feu » en anglais, en français et, bien sûr, en néerlandais ( « Vuur » ), puis de nous féliciter pour notre effort ! Le fait qu’Anneke communique systématiquement avec son public, quand bien même elle n’est pas en tête d’affiche, est l’une des nombreuses qualités que l’on apprécie à chacune de ses apparitions.

Anneke van Giersbergen et Johan van Stratum
Ferry Duijsens, Jord Otto et Johan van Stratum se montreront tout aussi investis aux guitares et basse, tandis qu’Ed Warby, en apparence posé, offre des martèlements tonitruants. Du reste, la complicité entre les membres n’est plus à prouver.
Du côté de la setlist, Sail Away – Santiago et Days Go By – London seront les titres les plus marquants, tandis que Your Glorious Light Will Shine – Helsinki a tendance à faire un peu retomber le soufflé.
Si le public se montre un tantinet plus froid que pour les Franco-Tunisiens, il est toutefois généreux en cris et applaudissements entre chaque titre. Certains grands fans de la chanteuse reconnaitront Fallout, reprise de Devin Townsend, mais c’est surtout la fatidique Strange Machines, de THE GATHERING, qui aura fini d’enchanter chaque spectateur. Ce « tube » termine le set en beauté, même si nous n’aurions pas dit non à une heure supplémentaire de concert !

Rob van der Loo
Contrairement à d’autres groupes ayant une popularité similaire, EPICA a souvent inclus Marseille dans ses tournées, et ce depuis 2005, année marquant également mon premier concert des Hollandais. Si le dernier en date nous avait laissés une bien belle impression, ce concert ne parvient malheureusement pas à dissimuler une performance mécanique sans surprises, d’autant que certains titres joués ce soir n’ont été que trop entendus et prennent la place de compos’ qui gagneraient à être revisitées…
Alors que l’intro Eidola, comme toutes les intros du groupe, constitue une belle entrée en matière, Edge Of The Blade n’a pas la grandeur d’un Second Stone ou d’un Obsessive Devotion pour ouvrir le concert, et Cry For The Moon, que l’on n’ose plus entendre tant il a été joué, est placé trop tôt dans le set. On regrette qu’EPICA ait fait l’impasse sur les meilleurs titres du dernier opus (les excellents Once Upon A Nightmare, Ascension et Dancing In A Hurricane sont pourtant joués régulièrement, et Tear Down Your Walls possède toute l’énergie requise pour réveiller les foules).

Simone Simons
Heureusement, le groupe nous propose Wheel Of Destiny, extrait de l’EP sorti en septembre et qui a tout à fait sa place dans la setlist, ainsi que The Holographic Principle, titre long et nuancé et sur lequel Simone Simons nous gratifie de son chant lyrique par-dessus les chœurs en sample (chose que la chanteuse ne fait pas systématiquement). De manière générale, on sent la leader plus calme qu’en 2014, moins communicative au micro comme dans sa gestuelle, bien que son chant soit toujours satisfaisant.
Autre différence avec le concert d’il y a trois ans : les lumières, qui demeurent exceptionnelles, sont ternies par la trop grande quantité de fumée, et les effets pyrotechniques sont tout bonnement absents.
Finalement, le seul divertissement visuel nous est accordé par Coen Janssen, qui fait glisser ses claviers sur rails de part et d’autre de la scène quand l’envie lui en prend. Depuis quelques années, le claviériste a l’opportunité de venir au-devant de la scène avec son « curveboard », et il a même pris l’habitude de descendre dans le pit photo pour saluer les premiers rangs.

Coen Janssen
Pour introduire le rappel, comme cela est le cas depuis plus d’une dizaine d’années, Coen adresse un mot au public. Cette fois, il est rejoint par Isaac Delahaye, au français plus riche, pour faire crier le public sur le rythme de Sancta Terra, alors que les autres membres finissent par rejoindre la scène.
Comme trois ans en arrière, Mark Jansen encouragera les « mosh pits » et « walls of death », car après tout, « nous sommes un Vendredi soir ! » (le grunter et guitariste corrigera son erreur un peu plus tard dans le set !).

Isaac Delahaye
Consign To Oblivion clôt le set (encore !), mais il faut bien dire que cette tradition-là fonctionne bien et a le don de fermer les concerts du groupe avec pertinence.
Cet onzième concert des néerlandais risque d’être mon dernier avant longtemps : il semblerait que le charme qu’EPICA opérait sur moi se soit terni au fil des années, pour finalement ne plus parvenir à m’atteindre. Dommage…
Mention spéciale, toutefois, aux deux premières parties, que l’on a hâte de revoir en tête d’affiche !
SETLIST
Eidola
Edge Of The Blade
Sensorium
Wheel Of Destiny
The Essence Of Silence
Cry For The Moon
Universal Death Squad
The Holographic Principle
Reverence (Living In The Heart)
Unchain Utopia
RAPPEL
Sancta Terra
Beyond The Matrix
Consign To Oblivion
Photos : Emilie Garcin