De nombreuses raisons peuvent motiver la création d’un festival… Le Heart Sound Metal Fest, projet démarré il y a quelques années à Sucy-en-Brie, en région parisienne (94), a choisi un bien beau combat : la lutte contre les leucémies, avec l’association Ensemble Contre Les Leucémies, présente également au festival pour parler de son action, sensibiliser les festivaliers et trouver éventuellement de nouveaux donneurs. Mais en plus de ce beau geste, le Heart Sound avait réuni en ce samedi 6 avril 2019 une belle brochette de groupes, de Paris et d’ailleurs, pour nous abreuver musicalement, entre death metal symphonique, hardcore, djent, prog… L’équipe de Metal France était sur place pour vous conter cette journée !
Avant même que le premier groupe du festival ne débarque sur scène, l’équipe du Heart Sound Metal Fest devait déjà faire face à des soucis techniques, n’ouvrant finalement le festival qu’une heure après l’horaire prévu… L’apéro devant les portes de l’Espace Jean-Marie Poirier fut donc prolongé, avant que nous puissions suivre à l’intérieur la file des festivaliers qui s’était agrandie au fur et à mesure de l’heure écoulée. Notre petite bière commandée rapidement, il fallait nous hâter pour ne pas rater le début du show des parisiens de PROMETHEAN…
Officiant dans un death metal symphonique des plus techniques, ces derniers devaient lancer les hostilités avec quatre morceaux de leur cru. Autant dire qu’il fallait aller droit au but, et on peut affirmer que c’est ce pourquoi la musique de PROMETHEAN a été créée ! Dès le début, cependant, le chant et les guitares auront du mal à se faire entendre : le vocaliste Nicolas Cardoso verra son chant growl parfois coupé, et les deux guitares peineront à se mettre en avant, notamment les nombreux leads qui composent les titres. Dommage, car ce sont eux qui donnent à la musique toute sa force…
Le clavier, la basse et la batterie n’auront en revanche aucun problème à nous balancer dans la face les atmosphères apocalyptiques caractéristiques du groupe, la lourdeur ainsi que les tempos très agressifs des morceaux, les percussions usant très souvent de « blast beats » destructeurs qui auront leur petit effet pour les plus extrêmes d’entre nous. Mais excepté ces petits problèmes de son, on sera ravi de découvrir un tout nouveau titre sur scène, L’Indicible, devant un public commençant à peine à lever les poings et à headbanguer, même timidement, malgré les quelques encouragements du growleur. Le show sera malheureusement trop rapide, et il faudra déjà passer au deuxième groupe, également parisien : STÖMB.
SETLIST
The Nameless Color
A Forbidden Symphony
L’Indicible
Niobides
Avec les gars de STÖMB, on découvre une atmosphère totalement différente. Dans un registre plus djent/prog, les parisiens misent durant leur show sur une rythmique très solide et des titres au riffing varié et d’une richesse incroyable. Pas de chant au programme, mais honnêtement, nul besoin d’en avoir : cela brutaliserait la beauté des notes jouées par ces musiciens hors-pair !
Pour le coup, on pourra profiter dès ce deuxième concert d’un très bon son, certainement le meilleur du festival : un son lourd à souhait, avec une basse supportant admirablement bien les deux guitares, qui, elles, resteront concentrées sur leurs rythmiques, arrivant par vagues entières et dont la technicité impressionnante captera rapidement l’attention du public, telle une hypnose générale. Concernant ce point, l’écran placé derrière le groupe et qui retransmet des images en lien avec la musique n’y sera pas étranger.
SETLIST
Terminal City
Under The Grey
We, The Duality
Corrosion Joncture
Veins Of Asphalt
Après une telle expérience, difficile de reprendre ses esprits pour accueillir les français de THE DALI THUNDERING CONCEPT, jouant également une musique fortement imprégnée par le djent et autres rythmiques plus ou moins tordues. En plus de titres techniques au riffing saccadé et diablement efficace, que dire de leur énergie ! Le chanteur Sylvain Conier bougera à droit et à gauche, devant et derrière, harangant la foule à de nombreuses reprises et provoquant les premiers chahuts devant la scène. On sautille, on lève nos verres de bière, on bouge la tête sur la lourdeur des morceaux… Autant dire que la musique des français m’avait convaincu sur CD, et je peux désormais affirmer qu’ils m’auront également séduit en live ! Ils seront d’ailleurs remerciés chaleureusement par le public, après un show, comme précédemment, qui nous a paru trop court.
SETLIST
Ostrich Dynasty
The Myth Of Happiness
Phoenix
Cassandra
There Is No Calm Before The Storm
Ink
Realism
Au Heart Sound, on aura le plaisir de découvrir des expériences musicales très variées, et ce sera encore le cas avec la venue de VOLA, un groupe danois qui nous propose ce soir une musique atmosphérique, aux touches prog/rock/metal des plus fascinantes. Même si, durant mes écoutes pré-festival, je n’ai pas pu vraiment accrocher au son plus doux des scandinaves, il me fallait voir le résultat en live… On pourra alors se laisser séduire et happer par le chant clair, mais surtout par les claviers aux sonorités légèrement électro et enveloppant la musique de VOLA d’un halo vaporeux et très atmosphérique, du plus bel effet.
La magie sera présente, et encore plus durant l’arrivée soudaine de sons presque psychédéliques. En revanche, malgré les ambiances folles du groupe, mon propre goût musical personnel ne put me faire apprécier totalement la musique. Mais on pourra féliciter comme il se doit VOLA pour sa prestation.
SETLIST
Smartfriend
Starburn
Ghosts
Your Mind Is A Helpless Dreamer
Alien Shivers
Ruby Pool
Whaler
Stray The Skies
Il sera temps pour tous les « geeks » du festival de se montrer, de lever le poing (ou la bière !) et de sauter comme des forcenés à l’annonce de SMASH HIT COMBO ! Mais avant leur concert, l’association Ensemble Contre Les Leucémies montera sur scène durant quelques minutes afin de parler de leur cause et de proposer aux donneurs intéressés une inscription sur leurs registres. Une excellente idée pour se rendre visible officiellement auprès de l’ensemble des festivaliers, même si la majorité se sera vite jetée sur la buvette et la nourriture avant la fin du discours…
SMASH HIT COMBO arrive ensuite pour véritablement casser la baraque, avec une musique très typée hardcore et qui nous fera violemment sautiller et headbanguer. Bien placé derrière la régie, je découvre le groupe débouler sur le jingle de la Playstation 1, avant que les premiers riffs nous tombent dessus. La force des français viendra de leur duo de vocalistes, alternant chant rap et hurlements frénétiques, pendant que de lourds « breakdowns » nous feront rompre nos cervicales. Apostrophant régulièrement les « geeks », les chanteurs vont littéralement foutre le bordel ! Honnêtement, j’ai eu l’occasion de passer un excellent moment.
SETLIST
RPG
Toujours Plus
In Game
Spin The Wheel
2.0
Die And Retry
Hardcore Gamer
Animal Nocturne
Baka
Le groupe que beaucoup attendaient, et de loin. Cela peut même se comprendre : première date parisienne pour HUMANITY’S LAST BREATH ! Et ces derniers n’ont pas fait les choses à moitié, nous réservant un show des plus noirs, avec une atmosphère qui nous a clairement fait découvrir l’Enfer. Sur une scène majoritairement assombrie, et après quelques derniers réglages qui nous paraissent interminables, les musiciens commencent à jouer des titres d’une lourdeur peu commune, nous faisant vibrer intérieurement. Le vocaliste s’avance, une grande capuche nous masquant son visage et ne faisant apparaître que de longs cheveux, et nous balance d’immenses growls et autres hurlements à faire froid dans le dos.
Le groupe nous aspire au fur et à mesure du concert dans un trou noir, avec une musique devenant de plus en plus glauque et sombre. Côté ambiance, rien à dire ! Je serai en revanche plus mitigé sur les riffs en eux-mêmes, les plans étant finalement assez répétitifs et parfois peu efficaces sur la durée. Certes, la musique aura su me paralyser, mais pas me conquérir complètement… Mais quelle claque, mine de rien : personne n’aurait pensé dans la salle qu’un tel son puisse exister, moi le premier !
SETLIST
New Track
Harm
Bellua Pt1
New Track
Abyssal Mouth
Detestor
Human Swarm
New Track
Ocean Drinker
Avec le retard accumulé, le concert de LEPROUS était destiné à se finir tard, forçant hélas les festivaliers dépendants des transports en commun à partir en cours de show… Mais le public est dans l’ensemble encore très dense pour le show de la tête d’affiche du festival. Pour ce live, les Norvégiens avaient choisi une manière tout à fait originale de le construire : laisser le public piocher au hasard dans un chapeau les titres qui seraient joués ! Et c’est même le président de l’association qui aura le plaisir de piocher le premier morceau.
Même en n’étant pas fan de la musique du groupe, j’ai pu rapidement voir l’implication du public sur chaque chanson, même si le rythme était quelque peu cassé par le tirage du prochain titre. Toutefois, l’énergie du public se faisait de nouveau sentir dès que les Norvégiens reprenaient leurs instruments. Pas de pogo ici : LEPROUS nous sert une musique très atmosphérique, très douce, judicieusement mise en scène par un éclairage très présent et des claviers et guitares bien utilisés. Je n’ai pas pris le même plaisir que la grande majorité du public présent dans la salle, mais ce fut pour moi une bien belle découverte, d’autant que j’ai su apprécier l’extrême concentration des membres du groupe et le plaisir qu’ils avaient d’être là, malgré le retard et l’heure tardive.
Le concert de LEPROUS selon Lucinda :
La setlist « surprise » du show spécial « shuffle » (« aléatoire », en français) aura rendu l’expérience tout particulière, dans la mesure où les titres tirés au hasard étaient pour la plupart dans la même veine mélancolique et lente. Démarrer par le monumental Rewind, habituellement joué en dernier ou juste avant le rappel, rendait ainsi la chute plus grande sur Lower. Peut-être que le groupe aurait du dès le départ sélectionner une majorité de compos’ énergiques afin de contrebalancer ceux plus atmosphériques ? Einar Solberg, chanteur et claviériste, n’hésitera pas à se montrer gentiment excédé par la succession de titres tous plus « déprimants » les uns que les autres, faisant rire ses compagnons d’arme ainsi que le public ! Mais ce dernier a malgré tout su répondre présent, démontrant un respect sans pareil sur les passages minimalistes et un certain enthousiasme sur les parties plus énergiques.
Jouer Down en guise de titre final aura fini de dépiter le pauvre Einar, qui n’hésitera pas à faire mine de manger le papier sur lequel était noté le titre ! Pourtant, la plupart des adeptes du groupe n’en sont pas moins ravis, d’autant que nous avons eu droit à des titres géniaux tels que Salt, Echo, Leashes, ou encore Acquired Taste dans une surprenante version rallongée !
Ceci dit, le public n’en a clairement pas fini avec les Norvégiens, et les rappelle à grands renforts de cris et d’applaudissements pour leur donner une dernière chance de jouer un typique morceau de fin de set… Par décision du chanteur, chaque membre (ainsi que leur ingé son, Chris) pioche donc un titre, augmentant leurs chances de sélectionner un titre « adéquat ». C’est The Price qui sera choisi, et on peut voir le soulagement d’Einar ainsi que le ravissement des spectateurs, qui l’avaient réclamé plusieurs fois pendant le set !
Finalement, ce concert absolument unique en son genre aura donné l’occasion aux fans de découvrir un tout nouveau visage du groupe, plus drôle et moins apprêté qu’à l’accoutumée ! En dépit de cette setlist inattendue, LEPROUS ne perd pas une goutte de leur professionnalisme et leur concentration martiale, et les titres joués n’en ont pas moins été appréciés par les fins connaisseurs.
SETLIST
Rewind
Lower
Acquired Taste
Leashes
Bonneville
Triumphant
Captive
Echo
Salt
Down
RAPPEL
The Price
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On ne parlera pas des soucis techniques qui ont malheureusement donné du fil à retordre aux équipes du Heart Sound Metal Fest, mais quel festival n’en a jamais subi ? Je parlerai en revanche plus de la bonne bière artisanale qui nous a été servie (même si les quantités ont semblé manquer vers la fin du festival), et bien sûr, des très bonnes prestations musicales. Nos chers groupes tricolores ont tous convaincu et nous ont montré qu’ils savaient et aimaient jouer devant une foule qui s’est déplacée pour eux ! Les trois autres groupes scandinaves se sont également éclatés et nous ont régalés de leurs ambiances musicales très variées.
Merci au Heart Sound Metal Fest d’avoir permis l’organisation d’une telle journée, surtout au bénéfice d’une grande cause, encore trop peu connue en France. Au total, il aura été visité par pas moins de 523 festivaliers (223 en plus par rapport à 2017), dont 20 donneurs ! Chapeau !
Photos : Clément
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Un grand merci à Claire « Petitpoète » !