Après un retour en force en 2019 avec le fabuleux « N°4 », ASYLUM PYRE nous fait le plaisir de revenir avec « Call Me Inhuman – The Sun – The Fight – Part 5 », un album toujours plus inspiré et audacieux, et où la voix sensationnelle de l’interprète principale, Ombeline Duprat, ne finit pas de nous surprendre. Le lendemain de la release party au Dr Feelgood Rocket, à Paris, Johann Cadot, guitariste et compositeur principal, a répondu à nos questions.
Que retires-tu de la release party d’hier ?
Ça s’est bien passé. Pas mal de monde est venu, c’était la famille ! On a eu quelques surprises, plein de bons retours, de félicitations, des questions sur nos prochains concerts… On nous a même dit qu’on pourrait difficilement faire mieux à l’avenir, ça met la pression ! On nous a fait remarquer la diversité, l’originalité, le côté accrocheur, le soin du détail, et on a eu plein de compliments sur la voix d’Ombeline.
Avec le plus d’objectivité possible, penses-tu que ces qualités sont encore plus notables que sur l’album précédent ?
On a toujours eu ce sens du détail. C’est peut-être plus le cas sur « Call me Inhuman », dans la mesure où, avant, on n’avait pas toujours la main sur nos productions, que ce soit par rapport au producteur ou autre… Aujourd’hui, c’est moi qui prends en charge les claviers et les programmations, ce qui rajoute en ambiances. Chaque membre du groupe aime apporter de petites variations, quelques détails sur la voix par-ci par-là.
On s’entend également très bien avec l’ingé-son, Angelo (E. Buccolieri, ndlr), avec qui on avait déjà travaillé sur « N°4 ». Il comprend la direction qu’on souhaite prendre, même si ce n’est pas toujours simple quand certains passages contiennent 160 pistes ! Mais il saisit l’état d’esprit d’ASYLUM, ce qui est très plaisant. On a beaucoup travaillé à distance, et on a passé parfois pas mal d’heures à décortiquer seconde par seconde. Il était très à l’écoute, c’est vraiment un gars super !
Quand tu dis « 160 pistes », c’est une façon de parler ?
Sur certains titres, c’est le cas. Par exemple, Fighters et The True Crown, qui auraient dû n’être qu’un seul et même morceau et qui sont finalement reliés par une partie guitares, contenaient plus de 200 pistes avec toutes les couches de claviers, de guitares, de drones et de chœurs. On a poussé le truc au maximum ! (Rires)
On constate dans cet album une belle quantité de cornemuses, influences folk et tribales… Expliques-tu ces influences par de récentes découvertes ?
Ces influences viennent du metal, et d’autres styles aussi. On avait envie de continuer à raconter l’histoire de ces « fighters » venus du monde entier, qui se réunissent dans la nature, mais en poussant le truc un peu plus loin que sur l’album précédent. La musique peut donc représenter par moments certaines régions du monde.
Thomas (Calegari, batteur, ndlr) a aussi ce sens du rythme, du « groove » tribal, tandis qu’Ombeline a cette facilité à improviser certains passages. J’ai écrit l’intro de l’album en pensant à ce qu’elle était capable de faire, et qu’elle a très bien fait au final ! Par exemple, sur Virtual Guns, elle a ajouté pas mal d’illustrations vocales qui rendent super bien, ou encore, sur There, I Could Die, du chant tribal. Elle est hyper douée, et c’est aussi grâce à ça qu’on retrouve ces influences.
Quant à la cornemuse sur Virtual Guns et le morceau de clôture, on la doit à notre rencontre avec le joueur de cornemuse Gwenolé Goth. Petite anecdote : le morceau de clôture n’était pas prévu initialement, mais on avait envie d’utiliser plus de cornemuse. Comme on avait enregistré un des échauffements de Gwenolé, je l’ai exploité pour créer le morceau autour de son impro. Que ce soit les lignes d’accord, de chant ou les rythmes, tout est fait par rapport à la cornemuse !
Cet album marque-t-il la fin de l’histoire qui lie tous vos albums ?
Pas du tout. Sur Joy, les personnages se reposent, certains même dans des salles de shoot à l’opium… (Rires) Mais cela va reprendre de plus bel sur la suite, pour laquelle on a déjà quelques idées.
Que veulent dire le titre et le sous-titre, à savoir « Call Me Inhuman » et « The Sun – The Fight – Part 5 » ?
Il s’agit de notre cinquième album, et cette thématique environnementale pré-apocalyptique est présente depuis le début – tout d’abord, de façon un peu inconsciente, mais depuis « N°4 », on s’est rendu compte qu’il y avait une cohérence. « The Sun », tout comme « pyre » (bûcher en français) fait référence à la terre brûlée par le soleil, clin d’œil au dérèglement climatique. « The fight », c’est bien sûr l’union de ces « fighters » qui viennent des quatre coins du monde pour continuer de lutter.
En ce qui concerne le titre même de l’album : quand on dit « Sois un peu humain », on sous-entend « sois gentil avec tes semblables, fais le bien »… Mais en fait, être humain, ce n’est pas que ça, puisque cela comporte aussi des actions négatives qu’on ne remarque pas chez les autres êtres vivants sur Terre. Et donc, si être humain, c’est ça, à ce moment-là, je préfère être « inhumain » !
Le style très esthétique de la pochette contraste complètement avec la façon dont est affiché le titre de l’album, qui rappelle le « parental advisory: explicit content », l’avertissement qu’on retrouve sur certaines pochettes d’albums pour indiquer du contenu jugé choquant…
Exactement. Bravo, tu es la première à le remarquer ! Cela sous-entend aussi que les défenseurs de la nature peuvent se montrer un peu moins gentils à un moment donné… Quand on regarde l’artwork de plus près, le côté glauque est plus évident, avec cette femme qui s’apprête à manger ce cœur. De la même manière, nombre de nos refrains possèdent un côté accrocheur et chaleureux, mais quand on se penche sur les paroles, on se rend compte que c’est un peu moins sympathique…
Le fait d’avoir collaboré avec les mêmes personnes que sur « N°4 » t’a-t-il aidé à mieux travailler sur les compos’ ?
Clairement. Déjà, l’album a été entièrement composé avec la voix d’Ombeline en tête. Une bonne partie de « N°4 » était déjà écrite quand elle est arrivée dans le groupe, mais cette fois, on a tous travaillé ensemble de zéro. En plus, il n’y a eu aucun départ, seulement une arrivée (Rires).
On commence à bien se connaître et à tous travailler de fond en comble pour être convaincu par les morceaux. Par exemple, j’ai cherché pendant des mois le refrain de Happy Deathday, mais ce n’est que la veille de l’enregistrement qu’on a trouvé ce qui nous convenait, et c’est en studio que les lignes de chant ont été améliorées par Ombeline, que ce soit sur l’intro jazzy de ce titre, ou encore sur un passage d’Underneath Heartskin. Elle est vraiment allée chercher au plus profond d’elle-même quelque chose qui n’était pas là à l’origine.
On travaille ensemble sur chaque note, on échange sur les structures des solos, ou même la batterie : comme le dit parfois Thomas lui-même, c’est de la « batterie enregistrée à plusieurs ». Il est vraiment dans l’interprétation, et son engagement physique est super chouette à voir quand il enregistre. Je repense aussi à Fab (Fabien Mira, basse, ndlr) dont les idées ont rendu le refrain de A Teacher, A Scientist & A Diplomat plus accrocheur.
Chacun arrive avec son histoire. C’est moi qui apporte la base de tous les morceaux, mais je ne verrouille rien. J’aime bien poser l’ambiance, des mélodies et des refrains, mais tout le monde peut proposer une modification de structure, donner son avis, apporter un « groove »… C’est important pour moi que ça soit un travail de groupe et qu’on fasse évoluer les morceaux ensemble.
On constate un certain nombre d’invités sur « Call Me Inhuman », et notamment pour les grunts…
En effet ! (Rires) Hormis Fab et moi, on a accueilli deux invités de qualité : tout d’abord, Manu Townsend, de SAILING FOR TOMORROW, sur The True Crown, et François Blanc, d’ANGELLORE, sur Joy, pour lequel on a vraiment travaillé sur le placement des mots, en particulier sur les passages rapides.
J’aimerais aussi mentionner Charlotte Selme et Thör : ils n’ont pas enregistré de voix, mais ils ont été d’une grande aide pour les paroles. On n’est pas anglophones, on avait besoin qu’ils apportent des corrections sur nos textes et notre prononciation, car on s’efforce d’être irréprochables.
Vous avez sorti pas moins de trois clips et une lyric video. N’était-ce pas difficile d’organiser cela, logistiquement parlant ?
Je parviens à m’occuper de l’organisation de pas mal de choses, avec l’aide d’Ombeline, et Fab a eu la possibilité de nous trouver des lieux de tournage. Les figurants de Virtual Guns et Fighters ont été prévenus très peu de temps avant et ont répondu à l’appel. Malheureusement, au moment de tourner ces clips, notre réalisatrice, Cécile (Delpoïo, ndlr), est tombé malade. On a eu la chance d’être aidés par Vanessa (Housieaux, ndlr) de MONOLYTH et Cédric (guitariste de HÜRLEMENT, ndlr). Ils connaissent un peu le métier et se sont chargés des prises de vue, avant qu’elles soient éditées par Cécile. En trois jours, on a réussi à retomber sur nos pattes, c’était génial ! On a une musique imagée, c’était important pour nous d’apporter ce quelque chose en plus. On doit d’ailleurs encore sortir un nouveau clip en mai… Ça va être beau !
Cela ne représente-t-il pas un budget assez conséquent ?
Tout est planifié et géré en tant que projet professionnel, car c’est aussi mon métier de m’occuper de ça. On fait en sorte d’optimiser. (Rires) Cela représente des sacrifices, mais tant que le résultat est là et que les retours sont bons, on sait que ça valait la peine d’investir !
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Merci à Élodie d’Aria Promotion.