À quelques heures du concert à guichets fermés avec DIABLO SWING ORCHESTRA, groupe de metal avant-garde suédois jouant pour la toute première fois en France, les six membres de 6:33 ont pris le temps de s’entretenir avec METAL FRANCE MAGAZINE. Nous avons abordé les concerts depuis la sortie de l’excellent « Feary Tales for Strange Lullabies: The Dome » (2021), leur dernier clip plein d’audace, ou encore leur expérience du monde du spectacle post-COVID.
J’imagine que cela fait un moment que vous entendez les gens comparer DIABLO SWING ORCHESTRA (DSO) à 6:33, et que les fans rêvaient d’une telle affiche depuis longtemps. Appréciez-vous leur musique ?
Flo – Déjà depuis la sortie de « Deadly Scenes » (2015), on retrouvait pas mal de comparaisons avec DSO dans les chroniques. C’est là que j’ai commencé à écouter, pour ma part… Et j’ai trouvé ça super ! J’ai surtout écouté le premier album « The Butcher’s Ballroom » (2006), que je trouve vraiment super cool.
Il y a quelques mois, je les ai contactés pour leur présenter 6:33 et leur proposer d’être leur première partie à Paris si besoin. Ils auront répondu favorablement il y a quelques semaines. DEAD BONES BUNNY, qui joue avant nous ce soir, matche bien aussi – on en était justement au stade où je travaillais avec ces derniers sur une date parisienne quand DSO nous a recontactés. On peut aussi remercier Selim du Kave Fest pour cela !
Béné – J’ai écouté le dernier « Swagger & Stroll Down the Rabbit Hole » (2021), qui est très chouette. C’est un plateau très cohérent !
Le lineup que vous constituez depuis la sortie de « Feary Tales for Strange Lullabies: The Dome » avec, notamment, Bénédicte (Pellerin, ndlr) au chant, s’est maintenant produit un certain nombre de fois sur scène. Constatez-vous une meilleure cohésion sur scène ?
Béné – Il a fallu s’apprivoiser ! Même s’il y avait l’alchimie en studio, au moment de ma participation aux chœurs sur « Deadly Scenes », la scène, c’est très particulier : on a tous des énergies différentes, et elles doivent cohabiter. Mais la sauce commence vraiment à prendre, et j’interagis naturellement avec les autres. C’est toujours en travail, mais plus les scènes passent, plus c’est le bonheur !
Nicko – Il y a aussi eu l’arrivée de Vicken (Cédric Guillo, batterie, ndlr), Manolo (Manuel Gerard, basse) et le retour de Z (Damien Legret, claviers). C’est un nouveau départ, des petits réflexes se mettent en place.
Flo – On a dû prendre nos marques sur quelques dates, et il a fallu que je laisse à Béné la place qui lui revenait. Elle est toujours super attentive aux conneries que je fais, et du coup, très rapide dans l’exécution. En deux / trois dates, on avait trouvé notre dynamique. Tout n’est pas millimétré, mais on essaie de garder les bonnes idées d’un concert à l’autre.
Vicken – On bosse suffisamment, et quand les dates arrivent, on est chaud. Le problème, c’est qu’après ça, il n’y a pas de dates pendant un moment, ça redescend, on se refroidit, et il faut rebosser derrière… Mais c’est comme ça !
Nicko – On essaie de prendre les dates comme elles viennent. Ce qu’il faut savoir, c’est que tout le monde pensait que l’après-COVID serait magnifique, et en fait, il est encore pire ! Ne serait-ce que pour trouver une salle où faire une résidence, si tant est que les salles aient survécu à la pandémie, ou louer un van, c’est deux fois plus cher qu’avant…
Tout le monde a arrêté de tourner pendant deux ans, et tout le monde se remet à tourner d’un coup. On l’a bien vu pour notre première date parisienne après la sortie du dernier album : avant, on arrivait à booker le Divan du Monde tranquillement. Là, il restait une date dans une seule salle de concert, et c’était pendant les vacances scolaires ! Tout était pris… (s’adresse directement au magnétophone : ) Les jeunes, ne commencez pas la musique maintenant ! Ça ne sert à rien ! (Rires)
On l’a vu encore récemment avec les nombreuses annulations de tournées, même de gros groupes comme ANTHRAX, ou encore DEVIN TOWNSEND qui disait que c’était hyper compliqué de faire face aux coûts d’une tournée…
Flo – Plus personne ne veut prendre de risques. On a quand même quelques fests qui arrivent, mais on se concentre déjà sur la préparation de l’année 2024.
Béné – C’est vrai qu’il y a eu un embouteillage. Certes, les dates ne s’enchaînent pas comme on voudrait. En revanche, le point positif, c’est qu’on peut travailler sur la scénographie, sur notre identité… Le but étant aussi de trouver un tourneur à qui montrer notre travail. Grâce à cela, les dates se préparent avec une vraie équipe derrière.
Flo – On vise aussi des scènes un peu plus « mainstream », et on peaufine notre show : on va remettre l’écran qui était sur scène avant, on collabore avec notre régisseuse lumière Bertie afin d’accentuer le côté « synthwave » et années 1980-1990, et on a de nouveaux backdrop qu’on aimerait utiliser quand on aura plus de place. En 2024, on sera d’attaque.
Petite exclu : on travaille également sur une reprise d’un morceau de OINGO BOINGO, le groupe de Danny Elfman dans les années 1980-1990, et qui devrait voir le jour dans pas longtemps ! Sans oublier d’autres clips à venir…
En parlant de clips, on se rend bien compte de la quantité de travail amassé et du soin du détail dans la vidéo que vous avez montée pour Party Inc., en plus des « bloopers » dévoilés peu de temps après !
Béné – On a beaucoup ri, on ne savait pas vraiment ce que ça allait donner, Nicko était très focus, il savait où il allait, et quand on voit le résultat final, ça marche complètement !
Nicko – C’est vrai qu’on s’est bien marrés. Les autres m’ont suivi : par exemple, quand j’ai demandé à Z de se mettre devant un fond vert pour imiter E.T., il ne s’imaginait pas que sa tête allait apparaître de cette manière en voyant le résultat final ! Rien que pour ça, ça valait le coup, et c’est un peu la raison pour laquelle on fait de la musique, même si j’ai l’air pessimiste, de temps en temps… (Rires) Il y a des choses qu’on a réadaptées, comme la scène du porter de Dirty Dancing… (Rires) On a été trop confiants, et on s’en est tenu à l’hommage à la jaquette du DVD. Prochainement, j’aimerais faire un clip pour la reprise d’OINGO BOINGO. J’ai déjà quelques petites idées…
À la sortie du clip, vous nous avez mis au défi de nommer toutes les références à la pop culture. Est-ce que quelqu’un y est parvenu ?
Nicko – Oui, elles ont toutes été retrouvées !
Flo – J’étais surpris, parce que la référence à Jurassic Park avec Jeff Goldblum n’était pas évidente à remettre ! On sait que notre génération à nous s’est bien marrée.
Nicko – Cette pose est ultra iconique ! Il y a encore plein de choses que j’aurais voulu faire, mais on manquait de moyens. J’aurais adoré faire Les Dents de la Mer, par exemple.
Les masques ne vous manquent toujours pas ?
Flo – Putain, non, surtout quand tu as chanté dedans pendant des années. En plus, cela nous a rendu plus accessibles : il y a beaucoup de choses qui passent par le regard… Maintenant, ça se voit vraiment quand on se marre ! On transmet de l’émotion et de l’énergie, et il y a une vraie connivence avec le public. Les masques représentent une belle période, et j’ai aimé ce qu’on a fait par le passé, mais ce n’est plus cohérent avec ce qu’on fait aujourd’hui.
Béné – Surtout après COVID, les masques, on les a assez eus…
Z – De mon côté, le masque, c’était vraiment une barrière de protection par rapport aux gens, et je n’étais pas super à l’aise sur les premiers concerts. Le fait de le retirer te pousse à te mettre à nu devant les gens. Donc c’est plutôt l’inverse pour moi !
Les Vengeurs Masqués ! Mais ça, c’était avant…
Avez-vous tendance à adapter la setlist au style des groupes qui jouent avec vous ?
Nicko – Pas spécialement. On se lâche dans tous les cas. Les seuls cas de figure où on adapte, c’est quand on se retrouve à être les plus « violents » de l’affiche, ou à l’inverse, les plus « soft »…
Flo – On s’en tient à une setlist qui nous va bien par rapport au temps qui nous est imparti, soit 50 minutes, comme ça sera le cas ce soir. Ça devient un peu compliqué quand on joue moins longtemps, comme sur la date de demain à Utrecht, où on descend à 45 minutes. Release The He-Shes passe bien selon le contexte, mais n’est pas forcément approprié à certaines dates. Au Mennecy Fest, on a joué 30 minutes, et là on met le paquet avec nos cinq titres les plus efficaces.
Béné – C’était super court, même si la scène était chouette et les conditions, extraordinaires.
Z – C’était très « mangeurs de bébés » en termes d’ambiance, très violent. On était moins metal que le reste, donc on a concentré notre énergie sur les morceaux les plus bourrins. Tout ce que Béné aime ! (Rires)
Flo – En ce moment, on se remet doucement à travailler sur The Order of the Red Nose et M.I.D.G.E.T.S. dans leur intégralité, au cas où on aurait à les jouer sur des événements où il faut tartiner. On a de quoi faire !
Avez-vous commencé à travailler sur le prochain album ?
Flo – Pas vraiment, mis à part quelques démos. Avant toute chose, on a réellement envie de faire vivre les derniers albums sur scène et jouer, notamment au Japon, car l’album est sorti là-bas. On se remettra tranquillement à la compo’ en 2025…
Nicko – Il faudra attendre un peu pour le Japon. Le pays a réouvert, mais c’est blindé.
Z – De manière générale, on aimerait vraiment cibler l’étranger !
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Merci à notre Florent adoré d’avoir rendu le groupe au grand complet disponible pour cette interview de dernière minute !
Photo finale du concert au Backstage by the Mills à Paris, le 09 février 2023 (photo : Thomas Riquet)